CONTINUITE_poissons migrateurs, hydroélectricité, suppression barrage

POISSONS MIGRATEURS

PLUS DE 200 BARRAGES ONT ÉTÉ DÉMOLIS DANS DIX-SEPT PAYS EUROPÉENS EN 2021 POUR FAVORISER LA BIODIVERSITÉ

ANNELOT HUIJGEN

Un an déjà que l’eau coule librement dans la rivière catalane Ter. Son barrage de 45 mètres a été démoli. L’Espagne, où la loi impose de démanteler les barrages obsolètes, en a retiré 108 de ses rivières en 2021, soit plus que les seize autres pays européens réunis (101). « Avec une hausse de 137 % du nombre de barrages supprimés, l’intérêt croissant pour la restauration des rivières européennes se confirme », signale Dam Removal Europe, qui fédère sept ONG dont le WWF et la World Fish Migration Foundation. Elle promeut la démolition de ces ouvrages afin de restaurer la biodiversité : le déclin des poissons migrateurs tels que le saumon, l’esturgeon et la truite est estimé à 93 % en Europe en cinquante ans. Le continent compte plus d’un million de barrages, soit presque un par kilomètre. Au moins 150 000 n’ont, selon Dam Removal Europe, plus d’utilité économique. « L’Espagne, la France, le Danemark, la Finlande et le Royaume-Uni ont ouvert la voie. D’autres pays doivent maintenant rejoindre le mouvement, comme l’Italie, la Grèce et le Portugal, où le premier barrage a été démoli l’an dernier », souligne Dam Removal, qui aide les citoyens à récolter des fonds pour financer la démolition d’un barrage près de chez eux. ANNELOT HUIJGEN

 

 

MON BARRAGE EN CORRÈZE

L’INSTALLATION HYDROÉLECTRIQUE DE SERGE VIALLE SUR LA DIÈGE FOURNIT L’ÉQUIVALENT DE LA CONSOMMATION D’UN MILLIER D’HABITANTS.

FRÉDÉRIC DE MONICAULT

Serge Vialle est un producteur d’électricité d’un genre un peu particulier. Depuis une quinzaine d’années, à Mestes (Corrèze), ce vétérinaire à la retraite ­exploite un petit barrage sur la Diège. Cet affluent de la Dordogne prend sa source sur le plateau de Millevaches. L’installation ne dispose pas de retenue d’eau  mais d’un canal de dérivation avec, 18 mètres en contrebas, trois turbines d’une puissance de 1,6 mégawatt (MW). Bon an mal an, la ­Société des forces motrices de la Diège (SFMD) produit 2 à 3 gigawattheures (GWh), soit la consommation d’un village d’un millier d’habitants. « Depuis sa construction au début du XXe siècle, le barrage est resté la plupart du temps dans le giron familial, confie Serge Vialle. Les ­intermèdes avec d’autres proprié­taires ont été brefs. »

La Haute Corrèze est riche en installations hydroélectriques. « Outre la préservation de l’héritage familial, poursuit Serge Vialle, nous ­employons une personne à temps plein pour la maintenance. Un ­emploi, dans une petite commune de notre région, ça compte. » Les finances sont à l’équilibre, avec un actif largement amorti. Les années de bonne pluviométrie, la SFMD ­dégage un excédent brut d’exploitation. « Les dividendes reversés sont modestes, précise Serge Vialle. ­L’essentiel est réinvesti dans les améliorations de la centrale, par exemple la gestion à distance. »

La bannière d’Énergie d’Ici 

La SFMD s’inscrit aussi dans une dynamique environnementale. Elle l’a conduit à changer de mode de distribution. Auparavant, elle vendait sa production sur le marché ­libre. Désormais, c’est sous la ­bannière d’Énergie d’Ici, marque créée par l’Union des producteurs locaux d’électricité qui réunit 11 exploitants. « Nous sommes nés en 2013 avec la fin des obligations de rachat par EDF de la petite hydro­électricité, explique Antoine Garcier, directeur général d’Énergie d’Ici. Il ne s’agit pas d’une coopérative au sens strict du terme : chacun produit de son côté. Mais nous valorisons au mieux auprès de différents acheteurs - PME, collectivités, industriels… - les kilowattheures (kWh) de nos ­producteurs. »

Il n’y a pas de taille standard pour ces petites centrales électriques. « En ­revanche, nous partageons tous les ­mêmes préoccupations et c’est important de pouvoir échanger, apprécie Serge Vialle. La SFMD n’est pas vouée à se développer, mais si notre pérennité contribue à fédérer les ardeurs clima­tiques, c’est une excellente chose. »

Énergie d’Ici commercialise l’énergie d’une soixantaine d’installations, en majorité hydroélectriques. Mais le solaire, l’éolien et la biomasse étoffent l’offre afin de coller au marché. « La RSE, c’est bien, mais c’est encore mieux quand elle est source de compétitivité, commente Antoine Garcier. Les consommateurs ne veulent pas consentir d’efforts pour acheter de l’électricité verte : 5 % de plus que les tarifs réglementés, voilà bien un maximum. »Même s’ils ­restent une exception, les petits ­producteurs tiennent leur rang. ■

FRÉDÉRIC DE MONICAULT : fdemonicault@lefigaro.fr

 

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  • 20/06/2022
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